LA CULTURE EN DANGER - Les théâtres parisiens contestent la décision du Conseil d'État de garder les salles de spectacles fermées jusqu'au 7 janvier a minima. Ils dénoncent des libertés fondamentales bafouées.

Les théâtres parisiens ripostent face à la décision du Conseil d'État. Vent debout contre les décisions du gouvernement, le monde de la culture s'est rassemblé, mardi 15 décembre, dans plusieurs villes de France, et sur le front judiciaire des recours de ce type étaient en préparation depuis la veille. 

D'autres devraient suivre, notamment de la part des professionnels du cinéma, qui veulent saisir le conseil également dans la soirée de mardi. En théorie, de tels recours en référé-liberté, comme ont pu en déposer ces dernières semaines les secteurs de la restauration ou des stations de ski, doivent être jugés dans les deux jours. Ce premier recours concerne pour l'instant cinq théâtres parisiens, dont le Monfort, le Théâtre 13 ou Paris-Villette.

Comme toutes les salles de spectacles de France, ils ont été fermés fin octobre lors du reconfinement. Ils espéraient rouvrir ce mardi, mais le point presse de Jean Castex le 10 décembre a douché ces espoirs. Le Premier ministre a annoncé qu'ils devraient attendre le 7 janvier au moins et une amélioration de la situation sanitaire - une mesure que ces théâtres estiment "éminemment inéquitable et disproportionnée", notamment au regard des exceptions dont bénéficient les lieux de culte.

"Chacun voit bien la différence de traitement entre les lieux cultuels et les lieux culturels, les premiers pouvant ouvrir moyennant l'adoption d'un protocole pouvant parfaitement être identique à celui proposé par les théâtres. Alors que la pérennité des théâtres est gravement menacée, la décision doit rétablir une égalité devant la loi et permettre au monde du théâtre de limiter les conséquences catastrophiques de la crise", ont déclaré les avocats Vincent Brengarth et William Bourdon.

Libertés fondamentales

Dans le détail, les théâtres estiment que leur fermeture est contraire à quatre libertés fondamentales : la liberté d'entreprendre, la liberté d'association, la liberté artistique et le principe d'égalité avec les autres commerces.

La Fédération nationale des cinémas de France (FNCF), de son côté, comptait déposer un autre recours mardi soir, aux côtés d'autres organisations (Scam pour les auteurs, associations de producteurs ou de distributeurs...), a expliqué son directeur délégué, Marc-Olivier Sebbag. Elle regrette notamment "la non-prise en compte des enjeux économiques de la filière alors qu'elle a été incitée par le gouvernement à rouvrir".

A Palaiseau, dans l'Essonne, un cinéma a rallumé son enseigne lumineuse afin de soutenir la FNCF. "Pour manifester notre désaccord profond avec la décision du gouvernement de maintenir les cinémas fermés, Le Cinépal' a aussi rallumé son enseigne comme demandé par la FNCF à tout les cinémas de France. #tousaucinema", ont-il tweeté ce mardi. 

À Saint-Astier, en Dordogne, un cinéma a réuni le personnel devant l'établissement en signe de contestation. "Ce soir, nous allumerons le Studio 53 de 17h à 18h et l'équipe de Ciné Passion sera présente devant le cinéma."


Mélanie FAURE

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